1765-08-16, de Count Andrei Petrovich Shuvalov à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

L'Admiration, Le Respect pour des Talens Supérieurs, L'atachement que je vous ai voué, tout m'Engage de Vous faire ma Cour.
C'Est dans cette intention que j'ai pressé mon départ de L'Angleterre, et que je n'ai fait que traverser Paris. Chaque moment que je retardais ma Course me paraissait un Siècle; et Vous avés La Gloire, Monsieur, qu'un jeune home de Vingt deux ans ait Eprouvé ce sentiment pour un Sage. Je Compte m'arêter ici Le moins de tems qu'il me sera Possible, après quoi je vole à Genêve, d'où j'aurais L'honeur de Vous Ecrire et de Vous demander celui de Vous rendre mes devoirs.

Je mêne avec moi une jeune feme qui partage mes sentiments pour vous. Je vous dirais plus, Monsieur, une feme dont Vous Etes devenu Le Directeur. Elle est fille de Mr de Soltikoff qui a Comandé nos Arméés dans La Dernière Guerre; et je lui ai Persuadé que Vous ne Vous refuseriés pas, au Désir qu'Elle a de Vous rendre son homage.

J'ai L'honeur d'Etre avec toute La Vénération qu'un home qui pense vous doit, et avec L'atachement Le plus durable,

Monsieur

Votre très-humble et très-obéissant Serviteur.

Comte A. de Schouvaloff

P. S. Soufrés que je Vous témoigne ma reconaissance des Compliments que vous avés bien Volu me faire dans La Lettre à L'abbé Coyer.