10 mai 1765
Je vous remercie, monsieur, de votre recette, qui me paraît excellente, et je ne manquerai pas d'en faire usage dès que j'aurai des roses dans mon jardin, et que mes fluxions seront revenues.
C'est le vent du nord qui me les donne, et la douceur de la saison présente les dissipe. A l'égard de la faiblesse elle vient de l'âge, et à cela vous savez qu'il n'y a point de remède.
Il me paraît qu'il n'y a qu'un ladre qui puisse nier que la sensibilité soit par tout le corps; le don de penser par le cerveau, et de sentir dans toute la machine, sont une mécanique que je vous supplie bien instamment de développer dans votre physiologie. Ne craignez rien des théologiens; ils n'ont heureusement rien à faire avec la médicine et la chirurgie; c'est le repas du renard et de la cigogne; d'ailleurs, ces pauvres gens sont si décriés aujourd'hui qu'ils n'osent parler, à ce qu'on dit, que dans le journal chrétien, et leur âme immortelle, ou mortelle, est si sotte qu'assurément ils ne vous entendront pas.
Je vous prie d'être persuadé que j'ai pour vous, monsieur, un attachement égal à ma parfaite estime.
V.