1765-05-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Je vois par vôtre Lettre du 24, mon très cher frère, que l'enchanteur Merlin a été poursuivi par les diables.
Mandez moi, je vous prie, s'il est échapé de leurs griffes; je m'y intéresse bien vivement. Je tremble pour le paquet à mr Gaudet. Si ce paquet est perdu il n'y a plus de ressource, et cependant, je ne serai pas découragé. Je suis à peu près borgne comme Annibal, j'ai juré comme lui une haine immortelle aux Romains; et dussai-je être empoisonné chez Prusias, je mourrai en leur fesant la guerre.

Je crois que les verges dont on fouette Monsieur le dénonciateur théologien arriveront bientôt à son cu.

J'ignore si Mlle Clairon remontera sur le théâtre de Paris. Je la tiens pour une pauvre créature si elle a cette faiblesse; plus on persécute la raison, les talents, la vérité et le goût, plus nôtre phalange doit marcher serrée.

Je vous embrasse avec la plus grande éffusion de cœur.

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