8e avril 1765
Vous guérirez sûrement, mon cher frère, car voilà la troisième Lettre d'Esculape.
Je vous prie au nom de tous les frères d'avoir grand soin de vôtre santé; c'est vous qui tenez l'étendart auquel nous nous rallions; c'est vous qui êtes le lien des philosophes. Il est venu chez moi un jeune petit avocat général de Grenoble qui ne ressemble point du tout aux Omers. Il a pris quelques leçons des Da et des Di. C'est un bon enfant et une bonne recrue.
Frère D'Argental doit actuellement avoir reçu tous ses paquets; je crois, par conséquent qu'il peut vous lâcher encor quelques pistolets à tirer contre l'infâme.
Je supose qu'à présent vous avez la sentence et l'arrêt contre Sirven; et qu'il ne manque plus rien à Elie pour être deux fois en un an le protecteur de l'innocence oprimée.
Mr De Lahaye vous a sans doute remis un petit paquet couvert de toile cirée à vôtre adresse. On tâchera de vous fournir de petites provisions toutes les fois qu'on poura se servir d'un honnête voiageur.
L'ouvrage dont vous me parlez à la fin de vôtre Lettre du 1er avril, est aussi détestable que vous le dites, et ce n'est pas un poisson d'avril que vous me donnez. Je ne crois pas qu'il y ait deux avis sur celà parmi les connaisseurs; mais vous sentez bien qu'il ne m'apartient pas de dire mon avis. On dit qu'il y a des préjugés qu'il faut respecter, et celui là est respectable pour moi.
Ne pourai-je savoir le nom du Théologien dénonciateur à qui nous sommes redevables de la plus jolie réfutation qu'on ait faitte?
Et la destruction, qu'en dirons nous? est elle arrivée? est elle en sûreté?
Je me recommande toujours à vos saintes prières, mais surtout, Ecr: l'inf: