30e janvier 1765
Mon divin ange, vous êtes donc aussi l'ange gardien de m. de Moultou; je parle du fils, car pour le père, je crois que sa vessie lui jouera bientôt un mauvais tour, et qu'il comparaîtra devant les anges de là haut.
Le fils a le malheur d'être ministre du st Evangile dans le tripot de Genêve, c'est son seul défaut. Made la duchesse D'Anville doit certifier à m. le duc de Praslin, que mon petit Moultou est très philosophe, et très aimable, et point du tout prêtre. Il compte même, en partant de Genêve, remercier les pédants ses confrères, et renoncer au plus sot de[s] ministères.
Il craint toujours et à mon avis très mal à propos, qu'on ne lui fasse des chicanes en Languedoc pour avoir prêché la doctrine de Calvin sur les bords du lac Leman. Il supplie très humblement m. le duc de Praslin, de vouloir bien mettre dans le passeport:
Pour le sr de Moultou et son fils, bourgeois de Genêve, avec sa femme et ses enfants.
Permettez qu'aujourd'hui je ne vous parle que des Moultous, et que je réserve les roués pour une autre occasion. Vous me feriez grand plaisir de me dire si made d'Argental ne tousse plus. Voulez vous bien faire agréer à mr le duc de Praslin mes tendres et profonds respects?
V.