1764-06-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Louis Lekain.

J'ay vu mon cher et grand acteur, ce jeune exjésuite auteur de ce drame barbare.
Il dit qu'un opéra comique est baucoup plus agréable; il prétend que ces trois coquins qu'on donne immédiatement après ce coquin de Cromvel, révolteront le public, et que voylà trop de barbaries. Il dit qu'on mourra de chaud au mois de juillet, et que la pièce fera mourir de froid. Il dit qu'il ne faut aux Welches que de la tendresse. Je ne peux du pied des alpes savoir quel est le goust de Paris. Je m'en raporte à vous, et je vous plains de jouer la comédie pendant l'été. Heureusement votre salle est fraiche aux pièces nouvelles. Il est à croire que votre exjesuite en fera une belle glacière. Sans cette espérance je vous aurais conseillé de vous habiller de gaze.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

V.