1764-06-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louisa Dorothea von Meiningen, duchess of Saxe-Gotha.

Madame,

Mon ombre ne prend plus guères la liberté d'écrire à votre altesse sérénissime.
Les années et les maladies s'opposent aux devoirs comme aux plaisirs. Je suis réduit à m'entretenir en silence du souvenir de vos bontez. Souffrez cependant madame que j'aye l'honneur de renouveller mes remerciments à votre Altesse sérénissime au sujet de cette famille infortunée des Calas, si cruellement traittée à Toulouse.

Je me flatte que v. a. s. jouit de touttes les félicitez qui ont manqué à tant de rois, santé, tranquilité, occupations douces, qui ne laissent aucune inquiétude dans l'âme, assurance d'être aimée autant que respectée. Je mets surtout la grande maîtresse des cœurs parmi les causes de votre bonheur. Daignez madame me conserver des bontez qui font la consolation de ma vieillesse et agréez mon profond respect pour votre altesse sérénissime, et pour votre auguste famille.

V.