aux Délices 6 aoust 1757
Monsieur,
J'ay reçu la lettre dont vous m'avez honoré par la quelle Votre Excellence me confirme la nouvelle de la consommation de l'affaire que vous avez bien voulu protéger, et dont je renouvelle mes remerciments à Son Altesse Electorale et à vous.
Ne doutez pas monsieur que si j'avais pu venir présenter moy même mes remerciments, je n'eusse volé à votre cour avec le plus grand empressement. Mais que peut faire un malade? avec une nièce qui luy a consacré ses jours, et qui est elle même d'une santé très languissante depuis qu'elle fut si mal traittée dans Francfort par un homme nommé Freitag qui se disait agent du roy de Prusse. Les bontez de son altesse Electorale servent baucoup à luy faire oublier cette avanture inouïe. Mais il est difficile qu'elle se transplante, et que je puisse l'abandonner. Nous nous servons de consolation l'un à l'autre: et nous nous entretenons des bontez de son Altesse électorale.
Mr Tronchin de Lyon m'a flatté monsieur que vous voudrez bien me faire parvenir à votre loisir l'acte que S. A. E. a eu la bonté de signer. Je vous réitère les assurances de ma reconnaissance, et je seray toutte ma vie avec les mêmes sentiments
Monsieur
de votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire