à Paris le 16 mai 1764
Monsieur,
J'ai trouvé dans le fond de m. Lambert une partie d'édition d'un recueil de vos romans &a . . . .
Je désirerais en donner une nouvelle au public en y joignant les contes de Guill. Vadé &a. J'ornerai cette édition d'estampes, de culs de lampe, &a.
Quoique j'aie acquis, monsieur, par la cession de m. Lambert le droit de réimprimer le recueil de ces romans, je crois devoir vous en demander la permission, et je recevrai comme une grâce celle que vous voudrez bien m'accorder.
Il y a bien de l'imprudence sans doute au libraire de l'Année littéraire de vous demander des grâces, mais je vous ai déjà prié de croire, monsieur, que je suis bien loin d'approuver tout ce que fait m. Fréron. Il vous a sans doute donné bien des raisons de le haïr; et cependant lui, il ne vous hait point, Personne n'a de vous une si haute estime, personne n'a plus lu vos ouvrages. et n'en sait davantage. Ces jours derniers encore dans la chaleur de la conversation, il trahissait son secret, et disait du fond de son cœur que vous étiez le plus grand homme de notre siècle. Quand il lit vos ouvrages immortels, il est ensuite obligé de se déchirer les flancs pour en dire le mal qu'il n'en pense pas. Mais vous l'avez martyrisé tout vivant par vos répliques; et ce qui doit lui être plus sensible, c'est que vous l'avez déshonoré dans la postérité. Tous vos écrits resteront. Pensez vous, monsieur, que dans le secret il n'ait pas à gémir des rôles que vous lui faites jouer? J'ai souvent désiré pour votre repos, pour ma satisfaction particulière, et pour la tranquillité de Fréron de voir la fin de ces querelles. Mais comment parler de paix dans une guerre continuelle? Il faudrait au moins une trève de deux mois; et si vous daigniez prendre confiance en moi, vous verriez, monsieur, que celui que vous regardez comme votre plus cruel ennemi, que vous traitez ainsi, deviendrait de votre admirateur secret, votre admirateur public.
Je suis &a
Panckoucke