au château de Ferney 28e juillet 1774
Vous me donnez, Monsieur, une grande envie de prendre la poste pour venir voir le pont de Neuilli.
Je partirais sur le champ si mes quatre vingt ans et mes maladies continuelles ne me retenaient. Il est triste de mourir sans avoir vu les monuments qui illustrent sa patrie. Je vous remercie bien sensiblement d'avoir eu la bonté de me faire voir le dessin de ce bel ouvrage. Je ne doute pas que le Roi n'emploie vos rares talents à de nouveaux chefs-d'œuvre qui immortaliseront son siècle et son règne. Je vous prie de me compter dans le grand nombre de vos admirateurs. Les estampes me paraissent dignes du pont.
Vous m'avez pénétré de l'estime et de la reconnaissance sincères avec lesquelles j'ai l'honneur d'être, Monsieur, Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire gentilhomme ordinaire du roi