18e juin 1764
Mon cher frère, vous recevrez par frère Gabriel deux Mêlier.
On n'a pas eu le temps de faire le paquet plus gros, parce qu'il allait partir. Mais quand ces deux sacrements ne serviraient qu'à sauver deux âmes, celà serait toujours fort honnête. Quand vous en voudrez et que je trouverai une occasion je vous en ferai tenir, car il ne faut pas mettre la lampe sous le boisseau. Je vous réïtère les grands pardons que je dois vous demander de vous avoir empêtré de tant de Corneilles. Tout ira beaucoup plus vîte en les fesant brocher. Voilà le temps où frère Thiriot se porte beaucoup mieux, et où ce petit éxercice peut affermir sa santé. Je lui demande en grâce de vous aider dans cette distribution.
Vous me feriez plaisir de me faire avoir les bétises de Fréron sur les commentaires de Corneille. Figurez vous que Panckoucke a communiqué à Mr D'Aquin sa Lettre et ma réponse. Ainsi, puis qu'elles sont connues, le droit des gens permet qu'on les imprime. Je crois même que la chose est nécessaire pour l'édification publique; et vous savez que l'édification des Français consiste à rire. Je crois ce temps cy fort stérile en nouvelles. Je suis d'ailleurs toujours comme ce personage de l'Ecossaise qui disait, moins de nouvelles moins de sottises. Portez vous bien, mon cher frère, et surtout Ecr: l'inf:
Nb. on a fait de jolies éditions de la Tolérance à Liege et en Angleterre.