8e 8bre 1764
Cher frère, vous me ravissez; comment pouvez vous écrire des Lettres de quatre pages, étant malade et chargé d'affaires?
Moi qui ne suis chargé de rien j'ai bien de la peine à écrire un petit mot. Je deviens aussi paresseux que frère Thiriot, mais je ne change pas de patrons comme lui. Apparemment qu'il sert la messe de son archevêque. Pour moi qui ne les sers, ni ne les entends, je suis toujours fidèle aux philosophes.
J'espère que le petit recueil fait par Mr Des Buttes, ne fera de tort ni à la philosophie ni à moi. Je voudrais que chacun de nos frères lançat tous les ans les flèches de son carquois contre le monstre, sans qu'on sçût de quelle main les coups partent. Pourquoi faut il que l'on nomme les gens? Il s'agit de blesser ce monstre, et non pas de savoir le nom de ceux qui l'ont blessé. Les noms nuisent à la cause, ils réveillent le préjugé. Il n'y a que le nom de Jean Mêlier qui puisse faire du bien, parce que le repentir d'un bon prêtre à l'article de la mort, doit faire une grande impression. Ce Mêlier devait être entre les mains de tout le monde. Nous avons converti depuis peu un grand seigneur attaché à Mgr Le Dauphin. C'est un grand coup pour la bonne cause. Il y a dans les provinces des gens zélés qui commencent à combattre avec succez.
Est-il vraie que l'auteur du traitté de la nature est un Mr Robinet?
Je crois vous avoir déjà mandé que nous n'aurons de quelques mois le livre attribué à st Evremont. Je vous embrasse tendrement.
Ecr: L'inf: