à Ussé le 12 décembre [1722]
Voici mon ami quatre culs de lampe que Vous trouverez je croi assez bien dessinez. Je vous envoierai les autres incessamment. Cherchez je vous en prie quelque graveur qui les exécute; le même homme qui les a dessinez me fera toutes mes vignettes. C'est Durand que vous avez vu à la comédie. Il étoit mauvais acteur et il est assez bon peintre. Mandez moy je vous en prie comment vous faittes pour les estampes. Genonville ne m’écrit point. Esce qu'il n'auroit point reçü mes lettres ou qu'il seroit malade ou qu'il ne se soucieroit plus de son vieil amy? Le dernier est assez vraisemblable. Qu'esce donc qu'il est arrivé a ce pauvre Godin? Il m'écrit qu'il est prest d'être écrasé, et me demande quatre louis; je suis bien fâché s'il luy est venu quelque mauvaise afaire. J'écris à mon baufrère pour qu'il luy donne cet argent et davantage s'il en a besoin. Je vous prie mon cher Tiriot d'aller un peu diner chez ma sœur. Ecrivez moy souvent. Je reçois dans l'instant votre lettre du sept qui m'a charmé. Adieu, on m'a porté encor un cinquième cul de lampe que je joins aux autres.
Je ne suis point étonné quele C. ait fait un bau discours. Il est dévoué depuis longtemps au dieu de l’éloquence. Adieu.