1722-12-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

La poste a retardé ce dernier ordinaire à Ussé, c'est ce qui fait que je n'ai reçu que le 19 décembre votre lettre datée du ii.
Je suis très impatient d'aprendre des nouvelles de la santé de monsieur votre père. Voiciles moments où la machine est émüe, et où la tendresse se réveille. S'il m'est permis de me citer moy même,

Tous les ressentimens sont alors effacez
et les cœurs néz sensibles
Sont aisément émus dans ces moments horribles.

Cependant il faut que le bonhomme s'en aille, que vous héritiez et que vous vous consoliez dans la ferme espérance qu'il nous en arrivera à tous pareille aubeine.

A l’égard de monsieur de Genonville qui veut vous mener à la toilette de madame la maréchalle, premièrement je ne croi pas qu'il le fasse, mais s'il le fait cela ne gâtera rien. Je lui écrirai très fortement. Je voudrois bien que la lettre pût se différer jusqu'au jour de l'an car en vérité je ne lui écris plus qu'en cérémonie.

Je vous envoye toujours 3 nouvaux culs de lampe de la façon de Durand de la comédie dont je crois vous avoir déjà parlé dans mes dernières lettres. Je vous envoye aussi les noms des graveurs qui sont le plus en réputation. Vous userez de tout cela quand vos afaires pouront vous le permettre. Ecrivez moy au plutost je vous en prie. Mandez moy des nouvelles de votre père et des vôtres. Adieu mon cher Tiriot. Je travaille ici tout le jour.