1763-11-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Reichsfürst Wenzel Anton von Kaunitz-Rietberg.

Monseigneur,

Soufrez que j'importune un moment votre Excellence dans ses grandes occupations.

L'édition de Corneille est bientôt achevée. La famille de Corneille se met aux pieds de leurs majestez impériales, dont elle vous doit les bienfaits et elle vous remercie des vôtres.

Les éditeurs attendent vos ordres, soit que votre Excellence demande les deux cent exemplaires pour les quels leurs majestez impériales ont daigné souscrire, soit qu'elle veuille avoir quelques exemplaires reliez. Les éditeurs se conformeront à leurs volontez et aux vôtres.

Chaque exemplaire contient douze volumes avec les estampes, et ne coûte que deux louis en feuilles. Tous les souscripteurs ont payé un louis d'avance pour chaque exemplaire, mais on se conformera entièrement à ce que votre Excellence voudra déterminer. Je n'entre dans cette affaire qu'en qualité de souscripteur moy même, et comme chargé de la part des éditeurs de demander les ordres de votre Excellence. Je suis surtout chargé des remerciments de la famille d'un grand homme qui est pénétrée des bontez d'un plus grand homme, révéré dans un genre plus respectable.

Permettez que j'ose ajouter à la reconnaissance de cette famille, les sentiments d'admiration et de respect avec les quels je suis

Monseigneur

de votre Excellence

le très humble et très obéisst Serviteur

Voltaire