Paris, ce 24 7bre 1763
Monsieur,
Je remis, Mardi, à Mr de Praslin la lettre du M. Conseil; il me dit qu'il feroit examiner et vérifier les faits contenus au Mémoire, dont je lui avois fait un précis de vive voix. Il me demanda ensuite si je verrois Mr de St Florentin, parce, dit il, que c'est à lui que Mr de Voltaire avoit présenté Sa Requête. — Je ne connois point, lui dis je, Mr de St Florentin, il a pu être dans la règle que les particuliers alassent à lui, mais, moi, je ne puis, ni ne dois, m'adresser qu'à V. E. — c'est à dire, me répondit il, que vous ne prenés la chose que dans le Droit Public, et ne voulés d'autre titre que les Traités . . . . — Oui, Monsieur, et quand j'ai nommé celui de Lausanne, ma cause est plaidée. — Mais, me dit il, vous avés raison, c'est bien prendre la chose. J'ai lieu de croire que l'effet de cette conversation sera que l'affaire de Mr de Voltaire sera réunie à celle de Moens, et tirée du Conseil des Dépêches, pour être portée au Conseil d'Etat, et, qu'au lieu que dans le premier elle eût été au raport de Mr de St Florentin, ce sera, au Conseil d'Etat, Mr de Praslin qui rapportera les deux affaires, et tout de suite écrira au Parlement de Dijon. . . .
J'ai l'honneur d'être
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Crommelin
P. S. J'ai été fort aise que le M. Conseil n'ait point fait intervenir Mrs de Berne dans cette affaire.