Paris ce 1er aoust 1763
J'étais parti de Russie, monsieur, quand la lettre dont vous m'avez honoré y a été apportée, par m.
Feronce; elle m'a été renvoyée ici depuis peu de jours: je regrette très sincèrement de ne m'être pas trouvé à Petersbourg pour témoigner à m. Feronce tous les droits de votre recommandation auprès de moi.
Il n'est pas malheureusement pour moi en mon pouvoir de me rapeller l'époque de mon maillot dont vous voulez bien dater notre connaissance; mais je vous prie, monsieur, d'être très persuadé que je n'ai point oublié ni n'oublierai jamais, que j'ai eu souvent l'avantage de me trouver à portée dans les premières années de ma raison de vous voir et de vous entendre; je voudrais bien en pouvoir dire autant aujourd'hui, j'en sentirais mieux, et le prix et tous les charmes.
J'ai beaucoup vécu avec votre géant de Russie, c'est un homme fort estimable, et que j'aime de tout mon cœur. Souvent, monsieur, il me parloit de son attachement pr vous et très souvent je lui demandois de vos nouvelles. Il ne me démentiras pas, mais pourquoy me vanter de cette attention? Je la partage avec l'Europe. D'ailleurs le devoir et l'A.B.C. d'un ambassadeur est de mettre sans cesse en avant ce qui honore le plus son pays.
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus sincères, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Le Bon de Breteuil