1740-06-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Paul Frédéric Charles de Valori.

Monsieur,

Si l'amitié ne me retenait à Bruxelles auprès des personnes que j'ai eu l'honneur d'accompagner, je serais déjà l'heureux témoin du bien qu'un prince philosophe va faire aux hommes, et je demanderais à mr votre frère l'honneur de sa protection auprès d'un roi qui m'honore déjà de tant de bontés. Celles que vous voulez bien me témoigner seraient ma plus forte recommandation auprès de mr de Valori. Il y a longtemps que je me suis vanté au prince royal sur les assurances de mr d'Argenson, que j'aurais en mr de Valori un protecteur auprès de lui. Je me flatte que ce n'est pas là une fanfaronnade; et votre lettre et mes sentiments me répondent de l'honneur de sa bienveillance. Vous voulez bien que je lui écrive pour lui faire mon compliment sur la mort du feu roi, et sur l'avénement du prince royal à la couronne. Plus le nouveau roi de Prusse a de mérite, plus il doit sentir celui de mr votre frère. J'ai l'honneur d'être, avec l'estime la plus respectueuse et bien de l'envie de mériter votre amitié.

V.