[c. 15 March 1740]
Les tracasseries viennent donc ma chère enfant jusque dans ma retraitte, et prennent leur grand tour par Berlin.
Je vois très clairement que quelque bonne âme a voulu me nuire à la fois dans l'esprit du prince Royal de Prusse et dans celuy de monsieur Valory, et il y a quelque aparence qu'une certaine personne qui avoit voulu desservir Mr de Valory à la cour de Berlin a semé encore ce petit grain de zizanie.
Je connois Mr de Valory en général par l'estime publique qu'il s'est acquise, et plus particulièrement par les cas infini qu'en fait monsieur D'Argenson qui m'avoit même flatté que j'aurois une nouvelle protection dans Mr de Valory auprès du Prince Royal. J'avois eu l'honneur d'écrire plusieurs fois à ce prince que Mr de Vallory augmenteroit le goust que s. a. R. a pour les Français, et que j'espérois que ce seroit pour moy un nouveau moyen de me conserver dans ses bonnes grâces. Je me flatte encore que le petit mal entendu qu'on a fait naitre ne détruira pas mes espérances. Il est tout naturel que Mr de Valory, aïant vu dans les gazetins infidèles dont l'Europe est inondée une fausse nouvelle sur mon compte l'ait cru comme les autres; qu'on en ait dit un petit mot, en passant, à la cour de Prusse, et que quelqu'un à qui cela est revenu à Paris en a fait un commentaire. Il ne résultera de cette petite malice qu'on a voulu faire à Mr de Vallory, rien autre chose que des assurances de la plus respectueuse estime que je vous prie de faire passer à Mr de Vallory par le canal de Mr son frère. Si tous les tracassiers de Paris étoient ainsy païés de leurs peines, le nombre en seroit moins grand . . . .