[c. 16 March 1763]
Mon cœur sent comme le vôtre, mais j'ai peur que mon esprit ne pense pas de même.
Vous sçavez mon cher monsieur combien les parlements se ménagent les uns les autres. Voiez si dans l'affaire du juif de Colmar, le conseil d'Alzace a reçu la moindre flétrissure. On me fait craindre que nous soions renvoiez à Aix ou à Grenoble; or vous sçavez qu'un parlement n'a aucune jurisdiction sur un autre; on lui donne le procez à revoir, mais on ne l'établit pas juge criminel d'un autre parlement. Je rêve tous les jours à la tournure qu'on pourait donner à cette affaire. Je crois qu'il faudra hardiment prendre David2à partie. Si on pouvait en faire autant au sr La Borde et compagnie, ce serait bien le mieux. C'est sur quoi je vais écrire à mr Mariette et à mes amis; je fais des tentatives de plus d'une espèce. En attendant, jouïssons toujours de la victoire très signalée remportée au conseil, sur un de ces corps qui ont actuellement en France un si prodigieux crédit. Jouïssons d'une réhabilitation prononcée par toute l'Europe. Quand je pourai sortir j'irai chez vous, et je vous prierai d'y faire trouver mr De Moultou, et mr De Vegobre.
Je compte toujours d'écrire à mr De Végobre quand je vous écris, car je ne vous sépare point.