1763-02-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Philippe Debrus.

Vous pouvez, Monsieur, communiquer la Lettre de Mr De Crosne aux personnes zélées et discrêtes, dont vous êtes sûr.
Je crois qu'enfin l'affaire se raporte aujourd'hui solemnellement. Sçavez vous bien tout ce que craint Mr Mariette? c'est qu'on ne falsifie les pièces à Toulouse. Dans quel siècle abominable vivons nous, si on a raison de soupçonner un parlement d'être faussaire, et de mériter ce qu'il a fait à Jean Calas! Je vous embrasse en pleurant et en frémissant. Je crois que vous pouvez communiquer à mr de Moultou la lettre de mr De Crosne, et nos justes craintes; car lorsque Mr De Crosne viendra icy, il verra assurément mr de Moultou, et ne s'en retournera pas sans avoir conçu pour lui toute l'estime et l'amitié qu'il mérite. Mille tendres compliments à mr De Vegobre et à Mr Cathala.