1763-01-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Philippe Debrus.

Je doute fort, Monsieur, que ce soit mr le duc de Bedfort, qui ait obtenu la relaxation de Mesdelles Calas; mais je ne doute point que le parlement de Toulouse ne soutienne que Calas et toute la famille est coupable, et qu'il n'a prévariqué qu'en ne faisant pas rouer la famille entière.
Il n'a que cette honteuse et abominable ressource; soyez qu'elle ne servira qu'à le couvrir d'opprobre.

Il se pourait bien faire que le père Bourges fût un fripon; je soupçonne un peu, parce qu'il n'a point répondu à la Lettre que Donat Calas lui avait écrit; quoi qu'il en soit, on ne peut refuser la révision, ou bien il faudrait qu'il n'y eût ni pudeur, ni justice, ni honneur sur la terre. C'est sur quoi nous serons éclaircis ce mois cy. On jugera sur le mémoire très judicieux de Mr Mariette, il porte la conviction dans les esprits, et la vue d'une mère et de deux filles en crêpe et en larmes redemandant le sang d'un époux et d'un père, porteront la pitié dans tous les cœurs.

Cette affaire devient de jour en jour plus intéressante. J'ai L'honneur de vous renvoyer vos Lettres.