1763-02-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Philippe Debrus.

Mes yeux et ma personne vont fort mal, mon cher monsieur, made Denis est malade, nous sommes tous dans la souffrance.
La mienne redouble quand je vois ce raport si attendu se différer tous les jours; et j'avoue que j'aurais de vives allarmes si je n'étais rassuré par la Lettre de mr De Crosne.

Si vous faittes venir la servante à Lyon, je vous prie, Monsieur, de vouloir bien lui faire toucher quatre Loüis d'or à Lyon, pour l'aider dans son voiage; mr Cathala vous les remboursera à vôtre ordre.

Je me suis chargé, comme vous sçavez, d'un petit honoraire pour mr Mariette; les deux autres avocats ne veulent rien, je leur ferai présent de quelques livres à leur usage.

Il sera bien difficile de placer Louis; il me parait qu'il n'a pas joué un beau rôle dans toute cette cruelle affaire. Il devait venir à Paris à pied, au secours de sa mère.

Je voudrais que vous eussiez la bonté de demander à mr Dumas s'il connait mr le Marquis de Gouvernet. Vous sçavez peut être qu'il a le malheur d'être huguenot, mais il pourait nous être fort utile; il y a de fort honnêtes gens dans cette secte diabolique.