1763-03-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Philippe Debrus.

J'ai L'honneur de renvoyer à Monsieur de Brus, la Lettre de mr Dumas, où ’ai pris la liberté d'ajouter quelques mots.
Je ne sçais point la demeure du fils de mr Lavaysse. Je supplie mr De Brus de lui faire parvenir ma réponse.

Une personne très instruite m'a mandé qu'elle ne doutait pas que l'affaire ne fût renvoyée au conseil. Nous avons en ce cas, tout lieu d'espérer que le sr David sera au moins réprimandé, et peut être condamné à payer les fraix du procès, si on l'attaque personnellement.

On me mande qu'il sera indispensable de faire comparaître Pierre Calas, Lavaysse et la servante, et qu'il ne faudrait pas que cette servante eût demeuré chez moi, parce que malheureusement on ne sçait que trop l'intérêt que j'ai pris à cette affaire; nos ennemis auraient lieu de présumer que j'ai fait venir cette fille dans ma maison pour concerter ses réponses avec celles de mr Calas Pierre. J'ai trop de monde chez moi pour qu'elle y fût secrètement, il est impossible que son séjour ne fût public. On sçait de plus que je passe une partie de l'année dans le territoire de Genêve, les Senaux, les Laborde, et les Cassan, ne manqueraient pas de dire que cette servante est une huguenote déguisée, qui a communié pendant trente ans pour se moquer de Dieu et des hommes.

Ces considérations me paraissent fortes, et m'arrêtent; je m'en raporte à l'avis de Monsieur Debrus, que j'embrasse de tout mon Cœur.