1763-03-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Anne Rose Calas.

Tous ceux qui ont eu le bonheur, Madame, de vous servir dans une affaire si juste doivent se féliciter également.
Vous sçavez que je n'ai jamais douté de l'évênement de vôtre procez. Il me parait que le conseil du Roy est engagé à vous donner une satisfaction entière, en obligeant les juges de Toulouse d'envoyer la procédure et les motifs. Jouïssez maintenant du repos. Je vous fais les plus tendres et les plus sincères compliments aussi bien qu'à mesdlles vos filles. Vous vous êtes conduite en digne mère et en digne épouse, et on doit vous honorer autant qu'on doit abhorrer le jugement de Toulouse. Songez pour vôtre consolation que l'Europe entière réhabilite la mémoire de vôtre mari. Vous êtes un grand éxemple au monde. Je serai toujours avec tous les sentiments qui vous sont dus, Madame, vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Voltaire

Observez, madame, que l'ordre donné au parlement de Toulouse d'envoier les procédures est une espèce de flétrissure pour lui, et que cet article vous donne une victoire eantière; ussi, n'a t-’il pas passé d'une voix unanime, comme l'ordre d'envoyer les procédures. Regardez donc vôtre mari et vôtre famille comme entièrement justifiés aux yeux du roy, du conseil, et de toute l'Europe. Le reste ne sera qu'une discussion de procédures, et ne consistera que dans des formes juridiques, et quelque chose qui arrive soyez très sûre que tout le public sera pour vous.

Je félicite mr Dumas, je l'embrasse de tout mon cœur, je n'ai point de terme pour lui marquer mon estime.