1762-07-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Philippe Fyot de La Marche.

Votre dessinateur me mande, mon grand magistrat, que vous êtes à Dijon; puissiez vous y être le conciliateur de la cour et du parlement! Je n'ai point reçu le paquet que vous aviez eu la bonté de me promettre.
Je l'attends, il s'agit de vos intérêts et de votre repos qui me sont également chers.

Je suis au quatrième tome de Corneille, c'est une occupation bien douce; mais elle cesse de l'être puisqu'elle me coûte le bonheur de vous faire ma cour à La Marche. Je ne puis quitter uni nstant, il faut corriger deux feuilles par jour; il faut souvent comparer l'espagnol et l'anglais au français dans les sujets qui ont ét étraités chez ces trois nations; il faut avoir toujours raison; c'est là une terrible tâche. Laissez moi, respectable ami, à mon atelier cette année, et je vous réponds que, si m. Tronchin me fait vivre, je suis à vos sordre en 1763.

Permettez vous que je joigne ici une lettre pour mr. Devoge? Je commence à douter que je vous aie adressé un de ses dessins que je vous renvoyais. Il aime les grosses figures; à la bonne heure. Il me paraît qu'il y a du gran' gusto dans sa manière. Je vous remercie encore une fois de m'avoir prêté cet artiste. Vous venez de perdre le boursouflé Crébillon.

Dùm flueret lutulentus, erat quod tollere velles.

Adieu, monsieur, conservez vos bontés à l'homme du monde qui vous est attaché avec le plus tendre respect.

V.