aux Délices 26 may [1762]
Mon respectable et digne magistrat, non pas magistrat de ce siècle, mais du siècle des de Thou, je fais un effort pour écrire.
L'attachement donne des forces. Permettez qu'en vous renouvellant mes remerciments sur vos estampes je vous envoie une planche de Paris à la quelle je prie vos aimables artistes de se conformer en faisant les corps des figures un peu moins gros.
Je voudrais bien avoir le mémoire du parlement. J'ai lu celuy des élus. Il faut entendre les deux partis. J'apprends que les contrebandiers délivrent avec leurs marchandises force coups de fusil dans la province. Tot bella per orbem!
Il y a une réponse d'un jésuitte à l'abbé Chauvelin écritte du ton insolent dont les jésuittes écrivaient du temps de frère le Tellier. Il y a quelques bonnes raisons mais il les gâte par son audace monacale et par l'air victorieux qu'il prend. Ce n'est pas le ton dont parle la modeste innocence qui veut toucher. Les jésuites ont passé pour politiques. Ils méritent peu aujourduy cette réputation d'ailleurs très peu séante à des relligieux.
Je vois avec une extrême douleur que les états et le parlement enveniment leur querelle. Vous prenez le bon party d'attendre à La Marche que le temps appaise ce que L'animosité produit. Heureusement il ne s'agit pas de relligion, ainsi cette guerre finira.
Conservez vos bontez pour l'homme de France qui vous aime et qui vous respecte le plus.
V.