Paris, le 20 décembre 1761
Monsieur, j'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire; la compagnie m'a remis celle que vous lui avez adressée.
Je voudrais qu'il dépendît de moi de répondre à ce que vous désirez; j'ai trop à cœur que vous ne me regardiez pas comme votre ennemi; mais je n'ai que ma simple et faible voix, et dans l'envie que j'aurais de faire quelque chose qui vous fût agréable, je me trouve arrêté par l'intérêt des fermes du roi qui s'y oppose, en présentant les conséquences dangereuses qui pourraient résulter de la désunion du pays de Gex, et de la liberté exclusive qui lui serait accordée contre laquelle réclameraient toutes les différentes provinces frontières du royaume. Ne croyez pas, je vous prie, que je puisse être d'aucun poids dans la discussion de cette affaire. Les choses paraissent être sous mon nom, parce que le pays de Gex fait partie de la correspondance dont je suis chargé, mais c'est rapporté au bureau, et les observations pour et contre remises sous les yeux du ministre.
J'adresse ma réponse aux Délices. J'étais tenté de ne mettre d'autre adresse qu' au propriétaire des Délices; personne sûrement n'eût été embarrassé pour savoir à qui cette lettre devait être remise.
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux, etc.
d'Erigny