2 Xbre [1761]
Divins anges si vous êtes difficiles je le suis aussi.
Voyez s'il vous plait combien il est mal aisé de faire un ouvrage parfait. Si ces notes sur Héraclius ne vous ennuyent point, lisez les, et vous verrez que j'ay passé sous silence, plus de deux cent fautes. Madame du Chatelet avait de l'esprit, et l'esprit juste. Je luy lus un jour cet Héraclius. Elle y trouva quatre vers dignes de Corneille, et crut que le reste était de l'abbé Pellegrin avant que cet abbé fût venu à Paris. Voulez vous ensuitte avoir la bonté de donner mes remarques à Duclos? Je suis bien aise de voir comment l'académie pense, ou feint de penser. Je sçai bien que c'est avec une extrême circomspection que je dois dire la vérité, mais enfin je serai obligé de la dire. Je serai poli, c'est je crois tout ce qu'on peut exiger.
Vous avez sans doute plus de droits sur moy mes anges, que je n'en ay sur Corneille. Il ne peut plus profiter de mes critiques, et je peux tirer un grand avantage des vôtres.
Plus je rêve à Olimpie, plus il m'est impossible de luy donner un autre caractère. Elle n'a pas quinze ans. Il ne faut pas la faire parler comme sa mère. Elle me paraît au 5ème acte fort au dessus de son âge.
J'ay relu Zulime, c'est du vin de Brie en comparaison de Cassandre. Si on était honnête on jouerait Cassandre au lieu de Zulime.
Ces initiez, ces expiations, cette relligieuse, ces combats, ce bûcher! en vérité il y a là du neuf. Vous ne voulez pas jouer Cassandre, eh bien nous allons le jouer, nous.
Nous baisons le bout de vos ailes.