1761-11-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

O anges,

Croyez moy voilà comme il faut commencer à peu près le rôle d'Olimpie.
Ensuitte nous le fortifions dans quelques endroits, mais commencer dans le goust de Zaire; mais rendre froid dans Olimpie ce qui est dans Zaire est piquant par sa première éducation dans le christianisme; mais disloquer le premier acte, et donner le change au spectateur en discutant la mémoire d'Alexandre après avoir parlé d'amour; mais enfin détruire tout l'effet d'un coup de téâtre entièrement nouveau, se priver de la surprise que cause le mariage d'Olimpie; ah mes anges rejettez bien loin cette abominable idée! et laissez moy faire. Oubliez la pièce, renvoyez la moy, je vous la redépêcheray sur le champ et si vous n'êtes pas contents dittes mal de moy.

Je vous prie, je vous conjure de présenter ma nouvelle requête à monsieur le comte de Choiseuil. Il faut absolument que je gagne mon procez sur mon comte de Talleran.

Mademoiselle Corneille jouera le comique parfaitement, et ne sera pas mal dans les seconds rôles tragiques.

C'est une nouvelle bien intéressante!

Dites moy donc quelque chose du tripot s'il n'y a rien sur l'Espagne.