à Ferney 18 novbre 1761
Monsieur,
J'ay l'honneur de vous envoier encor l'essay d'un chapitre sur la guerre de Perse.
Votre Excellence doit avoir entre les mains les essais concernant la catastrophe du csarovits, les loix, le commerce, l'église, la paix glorieuse avec la Suede.
Il me semble qu'il n'en faudra qu'un sur les affaires intérieures jusqu'à la mort de Pierre le grand.
Je suivrai exactement vos instructions tant pour ce second volume que pour le premier et dès que j'aurai reçu vos réflexions et vos ordres sur les nouvaux chapitres, je les travaillerai avec d'autant plus de soin que je serai plus sûr de ne point errer.
Il est étrange combien de matériaux j'avais rassemblez pour ne m'en point servir, quel amas de détails inutiles, quelle foule de mémoires de particuliers qui ne parlaient que d'eux mêmes, au lieu de parler de Pierre le grand, et enfin quelle foule d'erreurs et de calomnies m'est tombée entre les mains.
J'espère avant qu'il soit peu completter tout L'ouvrage, et qu'avant pâques tout sera conforme à vos désirs. J'ay donné la préférence au plus grand des Pierres sur notre Pierre Corneille, et je vous la donne dans mon cœur sur tous les mécènes de L'Europe.
J'ay l'honneur d'être avec le plus tendre respect
Monsieur
de votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire