1761-09-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Avant d'avoir reçu mon compte mon cher correspondant, vous saurez 1. que j'ay tiré sur vous lettre de change de 1800lt tournois pour payer une made Mathieu,

2. que l'ancien 1er président de Bourgogne est chez moy, qu'il a besoin de 20 m.lt tournois et que j'ay la vanité de les luy préter,

3. que je dois environ 20 m.lt que je payerai petit à petit en lettres sur vous,

4. que mon église et mon téâtre sont chers,

5. que je me ruine, mais madame Denis le veut bien.

Mais pour l'article de M. le 1er présidt de la Marche voicy le cas. Il ira incessamment à Lyon. Pourez vous avoir la bonté de luy donner de ma part l'argent comptant dont il aura besoin? et vous luy complèterez ses 20 m.lt en lettres sur Paris. Il vous fera simplement ses billets, et ensuitte il s'arrangerait avec moy pour les payements.

Il y a bien autre chose. Il faudra que je fasse les avances de L'édition de Corneille. Cela ira à 40000lt. Les vers sont un objet de commerce plus gros qu'on ne pense. Il n'y a rien à perdre à ces avances; et ces 40000lt se payeront à plusieurs termes.

Si dieu nous donnait la paix l'édition de Corneille serait une fortune pour melle Corneille, mais cette paix me paraît bien éloignée.

Je vous embrasse bien tendrement et vous remercie de même.

V.