Aux Délices, 17 mars [1760]
Je supplie monsieur l'antifétichier de n'être point antivoltaire.
Ce procureur Finot me mande qu'il faut s'adresser au conseil pour ne point payer le grand procès des six noix à 100 livres la pièce. Je m'adresse donc au conseil. Pourquoi donc vous, monsieur le président, m'avez vous dit de m'adresser au parlement? j'ai eu en vous une foi implicite, et voilà qu'on me fait courir à m. de Courteille!
A propos, monsieur, j'ai reçu vos plants de Bourgogne; ils sont arrivés tout pourris. Notre terrain est indigne de la Bourgogne; cependant le plant que je fis l'année passée réussit fort bien.
Ayez donc, monsieur, un peu de crédit auprès de mgr le comte de La Marche. Il n'a point encore fini pour les lods et ventes de Fernay. Il me chicane. Je veux éloigner toute chicane pour Tournay. Je lui propose une somme fixe. Il me semble qu'il devrait bien l'accepter. On ne prend point assez à cœur la liberté du pauvre pays de Gex. Il n'y a certainement d'autre parti à prendre que de se racheter en donnant une somme au roi, qui s'accommodera comme il voudra avec les fermiers généraux. Ce n'est qu'avec de l'argent comptant qu'on réussit dans ce monde.
On dit qu'on va poursuivre les jésuites, et frère Saci, et frère procureur, et frère provincial pour 150,000 livres tournois de lettres de change. S'ils n'ont pas d'argent, les jansénistes triompheront.
Je me mets aux pieds de mon grand antifétichier.
V.