1759-11-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Monsieur, les moments que vous voudrez bien venir passer avec nous aux Délices nous seront bien chers.
Si quelque affaire vous arrête, pourrai je saisir cet intervalle de temps pour vous prier, monsieur, de vouloir bien me donner quelques lumières sur la position de la maison nommée la Perrière et ses dépendances le long du lac, dans lesquelles dépendances on a volé deux noix et reçu un coup de sabre, le tout estimé environ mille écus selon l'usage.

1. On prétend que cet endroit est du territoire de Versoy.

2. D'autres disent qu'il est du fief de Saint-Victor.

3. Je ne trouve dans mon terrier ni Panchaud, ni la Fayard, sa femme, qui posséda ce bien, ni les Frizé, dont les Fayard achetèrent.

4. Si ce terrain relevait de moi, le colonel Pretet, qui le fit subhaster l'année 1751, me devrait des lods et ventes; et je n'en ai point entendu parler.

5. La seigneurie de Tournay ne s'étend point jusqu'au lac; elle finit au grand chemin, et c'est par delà le grand chemin, vers le lac, que le crime concernant les deux noix a été commis.

6. En 1727, au mois d'août, 24 du mois, un Genevois nommé Sonnet ayant tué un homme au même endroit, la chose fut jugée au nom et aux frais du roi.

Je vous supplie instamment, monsieur, de m'aider de vos lumières.

Je vous avais bien dit que Silhouette ne resterait pas en place. Montmartel gouvernera sous le nom de m. Bertin. Le temps est très favorable pour le succès de vos idées. Je me flatte que m. de Fleury s'y prête.

Sans cérémonie et de tout mon cœur votre très humble obéissant serviteur.

V.