12 xbre [1759]
Croyez moy monsieur partageons à peu près notre petit différent par la moitié.
Cent mille francs vous conviendrontils? 40000lt en signant le contract? 30000lt dans un an et la rente de 30000lt? Voylà tout ce que je peux, et en vérité vous devez accepter des offres qui paraissent très raisonables à tous ceux que j'ay consultez.
Si vous vous déterminez Monsieur ayez la bonté de vous arranger pour les lods et ventes avec Mr Despagnac, je voudrais une diminution des deux tiers. Girod pourait sonder Fabri, et vous vous chargeriez de Mgr le comte de la Marche. Je prendrai aussi les devants pour m'assurer la conservation des droits de l'ancien dénombrement, et la réunion des terres. Je crois monsieur que voicy le temps où ceux qui ne sont point présidents des parlements doivent vivre à la campagne. Il vous faut à vous autres messieurs de belles villes et de bonnes rentes qui viennent aisément vous trouver dans vos palais. Mais pour moy
Vous me faittes trop d'honneur. Gratia et valetudo me manquent net. Dites
Je vous offre tout ce qui reste dans cette crumena malheureuse, sans la quelle on ne peut vivre à moins que ce ne soit parmy les sauvages. J'ay vu l'année 1709 mais notre 1759 est encor pire pour les crumenæ. C'est à vous monsieur à ressusciter le pays de Gex, mais il faut faire entendre raison à ceux qui le tuent; et cela peutêtre sera difficile.
J'ay allégué à M. le chancelier et à monsieur le procureur général de Dijon l'exemple d'un jugement sur un délit commis précisément au même endroit où Panchaud a deffendu ses noix. Il ne s'agissait pas de noix mais d'un meurtre, le coupable fut pendu au nom du roy et et aux frais du Roy. La justice du seigneur doit finir au grand chemin, et c'est entre le grand chemin et le lac que la bataille des noix a été donnée.
J'ay écrit au bibliopole pour Jugurtha et pour Catilina. Vous aurez incessament monsieur la première feuille, et j'attends avec impatience le moment de les voir touttes. Il me semble que vous pouriez nous gratifier encor de quelques autres ouvrages, remplis dit on, de véritez dont nous avons besoin. Continuez monsieur à faire honneur aux lettres, et à m'honorer de vos bontez.
V.