1761-07-15, de Charles Theodore von Sulzbach, Elector Palatine à Voltaire [François Marie Arouet].

Je n'ai fait qu'un beau rêve mon cher malade qui je crois m'a causé plus de douleur que touttes vos infirmités ne vous en font ressentir, c'est une affaire faitte, il faut se soumettre à la providence.
Je ne vous suis pas moins obligé de vos charmantes lettres et de L'intérest que vous prenéz à ce qui me regarde. Je serai très aise de contribuer à L'Edition de Corneille dont je souscrirai pour dix exemplaires. Mandez monsieur un mot à Colini comment il faut s'ÿ prendre pour le paiement. Votre Henriade va bientôt paraitre en beaux vers allemands. J'ÿ fait travailler un nommé Schwartz, très médiocre Conseiller que j'ai, mais très bon poète, et qui a déjà traduit toutte L'Eneide en vers à la parfaitte satisfaction des amateurs de la poésie allemande. Si il réussit également bien dans ce poème il pourra se vanter d'avoir enrichi la littérature allemande des deux meilleures poèmes épiques qui existent. Sojéz persuadé de L'estime particulière que j'aurai toujours pour Vous.

C. T.