1749-06-30, de François Parfaict à Voltaire [François Marie Arouet].

L'exactitude, dont j'ai tâché de faire le principal mérite de mon histoire du théâtre français, m'engage, monsieur, à vous dire que dans le tome XIII de cet ouvrage, en parlant de Pradon, et des vers qu'on avait fait contre cet auteur, j'en ay cité deux pris d'une édition du poème de la Henriade, chant VII. C'est dans l'endroit où st Louis prédit à Henri IV les merveilles du beau siècle de Louis XIV. On est étonné d'y trouver ces vers-ci:

Et malgré les Pérault et malgré les Houdard,
On verra le bon goût naître de toute part.

J'ai appris que ces deux vers sont tirés d'une édition subreptice du poème de la Henriade que l'abbé Desfontaines fit faire dans la ville d'Evreux, en 1724, sur un manuscrit de ce poème où il y avait quelques lacunes que cet abbé s'avisa de remplir de plusieurs vers de sa façon, parmi lesquels ceux-ci se rencontrent. Etranges vers pour un poème épique, et qu'on voit bien n'être point de m. de Voltaire.