1761-04-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

J'envoie à mes anges, un morceau scientifique, en réponse à la généreuse Lettre de M. le Duc de la Vallière.
Je crois que Thieriot fera imprimer tout celà pour L'édification du prochain; mais si Thieriot n'a pas assez de crédit, je me mets toujours sous les ailes de mes anges. Je ne suis pas fâché de faire voir tout doucement, que le Théâtre, est plus ancien que la chaire, et qu'il vaut mieux.

Je ne sçais qui a fait la consultation de Mlle Clairon à un avocat. Je ne connaissais pas l'anecdote du reposoir, et des mille Ecus; je vois qu'on ne fait rien sur la terre, en enfer, et au ciel, que pour de l'argent; une religion qui veut attacher de l'infamie à Cinna, est elle même ce qu'il y a de plus infâme; il faut pourtant ne se pas mettre en colère; mais comment lire sans se fâcher, le détestable stile, du détestable avocat, qui a fait un mémoire si inlisible?

On me mande qu'on n'entend pas un mot de ce que dit Le Kain, qu'il étouffe de graisse, et que les autres acteurs, excepté Mlle Clairon, font étouffer d'ennui; celà est-il vrai? J'en serais fâché pour Oreste; daignez vous toujours aimer cet Oreste? Conservez au moins vos bontés, pour celui qui a purgé ce beau sujet des amours ridicules qui l'avaient défiguré.

J'ai peur que le congrès ne commence tard, et que la guerre ne dure longtemps.

Mr de Chimènes achêve de se ruiner à faire joüer son Don Carlos à Lyon, et moi à bâtir une Eglise. Comme le monde est fait!