1761-01-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à marchese Francesco Albergati Capacelli.

Monsieur,

Il y a un mois que je suis très malade, et que je n'écris à personne; mais je ne peux résister au plaisir de vous dire combien vôtre souvenir m'est cher; je vous prie de vouloir bien éxcuser auprès de mr Paradisi, un silence forcé, qui me fait assez de peine.
J'espère incessamment vous envoier un gros paquet, pour vous, et pour vos amis. Vous y verrez un hommage que je vous rends, et un petit détail que je vous adresse de l'état de nôtre littérature en France. Je n'y ai point oublié l'éloge de nôtre cher Goldoni, à qui je vous suplie de vouloir bien faire mes compliments. Si j'avais du loisir et de la santé, je vous écrirais de longues Lettres; mon cœur vous dit tout ce que ma plume ne vous écrit pas.

Algarotti m'a écrit quatre Lettres; je n'ai pû faire réponse à aucune; je vous suplie de l'instruire de mon état languissant aet de croire que mon amitié et mon estime pour vous monsieur ne sont pas languissantes.

V.