1762-06-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Mon cher frère, je n'ai point encore cette éducation de l'homme le plus mal élevé qui soit au monde.
Je l'aurai incessamment. Je sais, en attendant, que l'auteur est un monstre d'insolence et d'ingratitude. Le chien qui suivait Diogène était moins méprisable que lui.

Permettez que je vous adresse un exemplaire d'une brochure plus abominable que tous les livres de Jean J. Rousseau; elle est pour m. le mis d'Argence. Ce n'est pas le prétendu marquis d'Argens, compilateur fort plat des Lettres juives, qui est à Berlin, c'est le marquis d'Argence, maréchal de camp, en son château, près d'Angoulême. C'est un homme très instruit qui veut réfuter ce détestable ouvrage: il est prodigieusement rare, et, dieu merci, il ne fera nul mal.

On ne veut donc pas imprimer l' Eloge de Crébillon? J'étais curieux de le voir.

Je crois frère Thiriot en chemin; je voudrais bien que vous puissiez en faire autant. Vale.