1762-04-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à marchese Francesco Albergati Capacelli.

Tous nos plaisirs sont finis, Monsieur, et les vôtres commencent.
Une maladie Epidémique qui n'a pas laissé que de faire mourir assez de monde dans nôtre province, s'est emparée d'une partie de nos acteurs, et surtout de moi qui n'ai pas trop la force de résister. Je n'ai que celle de vous dire combien je suis touché de vos bontés.

Je vous supplie de vouloir bien présenter mes compliments et mes remerciements à Monsieur Paradisi mon confrère le tragique. Je ne peux vous envoyer sitôt la nouvelle Tragédie que je viens de faire jouer; car si je vis, je passerai du temps à la rendre plus digne de vous. Je crois que ceux qui en avaient parlé dans les nouvelles publiques ne la connaissaient pas. C'est une pièce où tout se passe dans un couvent. Celà est très bon pour l'Italie, et cependant, la moitié de mes acteurs étaient hérétiques.

Adieu, Monsieur, la fièvre me reprend, je me couche, et je vous souhaitte beaucoup de spectacles et de santé.

V.