29e xbre 1760 au château de Ferney par Genêve
Je trouve, Mon cher Monsieur, que le Sr Panchaud a été bien préssé; je lui avais fait écrire qu'il devait attendre vôtre commodité; soïez sûr que pour moi je serai toujours à vos ordres; et que je n'aurai jamais de plus grand plaisir que celui de vous en faire.
J'ignore assez les facéties de Genève; j'ai ouï dire qu'il y avait des cocus, des professeurs galants, des marchands qui tirent des coups de pistolets, des prêtres qui nient la divinité de J: C: et qui avec celà ne veulent pas être éternellement damnés; mais je ne me mêle des affaires de cette ville que pour me faire païer les dixmes par les citoiens qui sont mes vassaux; j'ai pourtant rendu un petit service au païs en chassant les Jésuites, d'un domaine assez considérable qu'ils avaient usurpé sur six frères gentilhommes suisses, de vôtre Canton nommés mesrs de Crassy; il en coûtera malheureusement quelque chose à un secrétaire d'Etat de Genêve, qui s'était fait le prête nom des Jésuites. L'argent réunit toutes les religions; je suis tombé à la fois sur Ignace et sur Calvin, celà ne m'a pas empêché d'envoyer à Manheim, le mémoire de vôtre cabinet; mais ce que je vous avais prédit est arrivé, le temps n'est pas propre.
Je vous souhaitte des années heureuses, c'est à dire tranquilles; car pour des plaisirs vifs, je ne crois pas qu'ils soïent de la compétence du mont Jurat. Pourtant, un de mes plaisirs les plus vifs, serait de pouvoir assurer encor de vive voix, Mr et made de Freüdenrikh de mon inviolable et tendre reconnaissance, et d'embrasser en vous, un des plus dignes amis que j'aye jamais eus.
V. t. h. ob. str
V.