1760-08-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.

On n'a pas plutôt appris une bonne nouvelle madame que vingt mauvaises viennent l'effacer.
Est il vray que la discorde est dans notre armée pour nous achever de peindre? On m'avait dit que la moitié de Dresde était réduitte en cendres. Heureusement il n'y a eu que les fauxbourgs de saccagez. Où est monsieur votre fils? Vous savez combien je m'intéresse à luy. Puissent nos sottises ne luy être pas funestes. J'ay encor l'espérance d'être chez vous à la fin de septembre. Je voudrais madame vous engager dans une infidélité. Je veux vous proposer de me faire avoir une copie du portrait de madame de Pompadour. N'y aurait il point quelque petit peintre à Strasbourg qui fût un copiste passable? Je serais charmé d'avoir dans ma petite galerie une belle femme qui vous aime, et qui fait autant de bien qu'on dit de mal d'elle.

On parle de trouppes envoyées contre le parlement de Normandie; je les aimerais mieux contre le parlement d'Angleterre. Portez vous bien madame, laissez le monde en proye à ses fureurs et à ses sottises. Que j'ay envie de venir causer avec vous!