1753-06-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Frederick II, king of Prussia.

Sire,

Si mes lettres ne sont pas parvenues à votre majesté comme j'ay lieu de le craindre, daignez au moins lire celle cy.
Daignez voir la situation affreuse où est réduitte une femme respectable qui n'a rien à se reprocher, et qu'on a traittée avec la plus grande violence et la plus grande ignominie. Quelle funeste suitte de quinze ans de bontez! Sire si j'ay fait des fautes, je vous en demande pardon mille fois. J'oublieray à jamais Maupertui. Mais au nom de votre humanité rendez la vie à une femme qui a fait deux cent lieues pour avoir soin d'un malade infortuné, et qu'une mort affreuse, que cette avanture peut luy causer ne soit pas le prix de sa belle action. Pardonnez moy sire je vous en conjure.