1760-06-30, de Alexandre Frédéric Jacques Masson, marquis de Pezay à Voltaire [François Marie Arouet].

Pourquoi faut il que monsieur de Voltaire, qu'il a si souvent appelé son Apollon en faisant de mauvais vers, me cause aujourd'hui autant d'embarras et de gaucherie dans mes expressions, que j'affecterais d'en avoir en contant son douloureux martyre à une jolie femme. Ce que je sentais si bien il n'y a qu'un moment, je ne sais comment le vous faire entendre, mes idées s'embrouillent et l'expression s'envole. Tenez, figurez vous un rosier couvert de chenilles qu'un jardinier expert délivre peu à peu [de ces] vils insectes. Un partisan de la nouvelle charrue ne doit point s'offenser de se voir comparer à un jardinier . . . . Oui, depuis la lecture de vos chapitres sur la magie, les génies, etc . . . . je commence à n'avoir plus peur des revenants. C'est à vous que je dois cette noble curiosité, nourrice de l'âme et de l'esprit, sans vous les beaux arts et les belles lettres seraient pour moi sans appas, et ce n'est qu'à vous enfin que je dois l'amour des hommes . . . .