1777-01-18, de Louise Suzanne Necker à Voltaire [François Marie Arouet].

Depuis longtems les talents de Mr Necker m'ont accoutumée à n'avoir qu'une lumière réfléchie.
Je ne veux pas cependant du sort de Virgile. J'ai écrit à Monsieur de Voltaire pour le remercier des expressions flateuses dont il m'avoit honorée dans les commentaires de sa vie et Monsieur de Voltaire répond à Mr Necker, qui en a été tout troublé. Je lui enviois cette bonne fortune quand j'ai reçu des vers qui me ravissent et qui me dédommagent; le puissant enchanteur qui les a faits, rapproche les idées les plus distantes, et d'un coup de sa baguette fait disparoitre l'intervalle qui les sépare.

J'aime et j'admire sa sublime et sainte magie mais je n'en ai pas besoin pour rendre Mr Necker très tolérant. Il vient d'obtenir le rappel de Messieurs les abbés Baudo et Roubo, et s'ils veulent écrire je m'offre à leur Procureur des souscriptions.

Je ne puis rien mander de plus par ce courier au Prince des poètes, au plus sublime des vieillards, et au plus aimable des hommes.