[c. 15 January 1760]
Je suis obligé, Monsieur, de me plaindre à vous, de ce que vous avez imprimé sous mon nom une Comédie, intitulée La femme qui a raison, sans me consulter.
Elle n'est certainement pas de moi dans l'état pitoyable où je l'ai vüe; et je n'ai pas mérité que vous me fissiez cet outrage, qui choque également les bienséances et les loix; il n'est certainement pas permis de se servir du nom de qui que ce soit sans son aveu. On me mande aussi de Paris que vous imprimez souvent des injures contre moi, dans un ouvrage périodique, intitulé L'année Littéraire. Comme je ne me suis attiré, Monsieur, ni aucun de ces procédés, ni aucun de ces outrages, je crois que vous devez vous les reprocher. Je suis très loin d'y faire une attention sérieuse, mais il est désagréable qu'on m'impute continuellement des sottises que je n'ai pas seulement lües, et que je méprise autant que la plupart des brochures de Paris sont méprisables, vous pouvez gagner de l'argent par des voyes plus dignes de vous et de vôtre profession.
Voltaire gentilhome orde du roy, l'un des 40 de l'académie