Les ailes des anges m'ont obombré, mon cher et respectable amy.
J'ay le brevet pour Fernex plus favorable que je n'avois osé Le demander et l'espérer. Il est pour moy comme pour made Denis. Je n'aurais jamais osé prétendre que mon nom fût couché en parchemin dans une patente signée Louis.
Monsieur l'ambassadeur recevez mes très humbles actions de grâce.
Mon cher ange vous avez voulu un pot de vin pour vos négociations. Vous devez l'avoir reçu, vous devez avoir lu mon petit drame.
Si j'avais pu deviner que Monsieur le duc de Choiseuil pousserait ses bontez que je vous dois, jusqu'à parler de moy dans la chambre du roy, j'aurais moy poussé l'insolence jusqu'à demander dans le brevet l'insertion des droits de Tourney. Cela n'aurait rien coûté, et cette grâce si naturelle était tout aussi facile que l'autre. Ma modestie m'a perdu, je n'ay pas eu la témérité de parler de moy. Je n'ay demandé Les droits de Fernex que pour ma nièce, mais Tourney ne regardait que moy et je me suis teu.
Maintenant que mon brevet pour Ferney est obtenu je n'ay pas l'insolence d'en demander un second pour Tourney. Figurez vous quel plaisir ce serait d'avoir deux terres entièrement libres et comme cela irait à l'air de mon visage. Mr de Brosse m'a garanti tous les droits de sa terre, mais c'est le beau billet qu'a la Chatre. Ils disent qu'il n'a pu me garentir des droits qui luy sont personels. Tant pis pr luy. Il ne m'a vendu qu'à cette condition, mais tant pis pour moy qui serai vexé.
Monsieur le parmesan qui êtes envoyé chez vous, je vous ai fait mon compliment. Vous avez été obligé d'écrire à Parme, vous n'avez pas le temps d'écrire aux Délices. Cependant je vous ay envoyé une tragédie. Pour dieu donnez moy un petit signe de vie. Que dites vous de l'avis à frère Bertier et à mr des nouvelles ecclésiastiques?
Mille tendres respects à tout ange.
V.
3 juin [1759]