1759-01-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

Je crois, mon cher ami, que je pourrais bien résigner ma dignité de surarbitre dans le procez de Goll le riche et des Golls les pauvres, contre Monsieur le prince de Beaufremont; j'ai conseillé qu'on s'adressât à vous seul, et que vous finissiez cette affaire; c'est ainsi qu'elles devraient toutes être terminées, par l'arbitrage d'un jurisconsulte éclairé et non par des procédures infinies, qui fatiguent les juges, et qui les obligentà juger au hazard.

Je crois qu'heureusement le sot livre du sot moine, non moins fripon que sot, aura trouvé peu de Lecteurs; ce n'était pas au procureur général à se plaindre, c'était à son libraire; vous n'avez pas mal fait d'intimider un peu le maroufle. J'ai ici, quelquefois, vôtre ancien confrère Adam; ce n'est pas le premier homme du monde, mais il me semble que c'est un assez bon Diable; ne vous ai-je pas déjà dit qu'il est, lui troisième, dans une terre de six à sept mille livres de rente dont les Jésuites ont dépouillé les possesseurs qui se damnaient visiblement, en abusant de leurs richesses? ne vous ai-je pas dit que je suis leur voisin et que j'ai acheté deux terres auprès des Délices? Je voudrais vous y tenir entre les jésuites et les huguenots.

Tros Rutulus væ fuat nullos discrimine habebit.

Voulez-vous bien présenter mes respects à monr et à Made de Klinglin? Comment se porte madame Dupont et toute vôtre jolie petite famille?

Tuus semper

V…