1759-03-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

Le conseil soussigné est toujours d'avis qu'il faut porter la Goll et les Golls à s'accomoder; que Monsieur Du Pont peut avoir des occasions de leur parler, et de les faire trembler sur l'évênement du procez; que pendant la guerre il ne sera pas permis d'attaquer Monsieur le prince de Bauffremont, et qu'après la paix il sera très dangereux de l'attaquer. Le dit conseil se fera fort de faire donner cinquante Louïs à Monsieur Du Pont par le Prince pour ses peines. Il faut que les Golls en donnent autant, nous les amènerons là, ou je ne pourai, car je veux que mon ami ait cent Louïs d'or de cette affaire et que tout soit fini; j'ai trois terres, et trois procez au conseil, tout celà m'amuse; je ne connais point de traitté sur l'optimisme, mais une espèce de petit Roman du chevalier de Mouy intitulé Candide ou l'optimisme. Je l'adresse avec cette lettre à Monsieur Du Pont, par le canal de Monsieur Du Freney. Le prêtre de Belzebuth qui s'enivre avec des Jésuittes, poura peut être, être assez yvre pour écrire contre ce Roman, avec l'aide du Recteur allemand. Ce recteur d'ailleurs est le plus impudent personnage, et le plus sot Cuistre de l'Europe.

Mille Compliments à Madame du Pont, le Conseil embrasse tous les petits enfans.

V.